Avant toute chose, je tenais à préciser que l’image qui illustre l’article n’a évidemment aucun rapport avec mon texte. Cette image est issue d’une séance durant laquelle je recherchais de nouvelles poses. Avec l’incroyable et inégalable Melyne 🙂
Voilà qui est dit.
Confinement et violence familiale
Sur mon Facebook j’avais partagé dès le début du confinement le rappel du numéro mis en place par le gouvernement. 3919 !!
Que vous soyez victime ou bien sûr témoin. J’ai envie de dire surtout témoin.
Je me suis décidé à faire cet article après avoir vu aux infos la possibilité pour les femmes victimes de violences de se signaler par Sms ou dans une pharmacie.
Le Sms : il suffit d’écrire au 114
Pour rappel, en cas d’urgence le seul numéro qui faut appeler est le 17 (ou le 112)
L’enfance maltraitée : 119
Expérience personnelle
Le gouvernement se décide à cette mise en place et pourtant il y a eu une grande étude il y a peu de temps. Pensent-ils vraiment qu’en période normale les femmes peuvent appeler tranquillement ? Cette mise en place intervient très tard je pense. Il n’était pas utile d’attendre le confinement pour mettre plus en action. Et il reste tant à faire.
Bref je ne veux pas faire un billet moralisateur.
Pourquoi cela me touche ? Car ma maman a été battue par mon père. L’issue a été fatale. Pas par les coups, mais par une vie à subir. Elle ne fait donc partie d’aucune statistique horrible.
Durant cette longue période de coup, d’alcool et de drame humain, jamais elle n’aurait appelé à l’aide. Que faire après ? Quelle solution pour ne pas se retrouver à la rue ? Souvent la violence est accompagnée d’une idée machiste du couple. La femme reste à la maison et ne travaille pas. Alors ok on dénonce mais après ?
Même moi, en tant qu’enfant, jamais je n’ai fait cette démarche. Le numéro n’existait pas. Mais je n’ai pas appelé la police et je n’ai entrepris aucune démarche. J’avais déjà cette culpabilité, comment je pouvais ajouter celle de détruire une famille encore plus. Ma famille.
Ma maman n’a rien fait. Je n’ai rien fait.
Je me souviens de cette situation de mes 6 ou 7 ans jusqu’à mes 30 ans.
J’ai 41 ans maintenant. Le dégoût est derrière moi, la honte aussi et la colère. Je vis pour l’avenir et non plus pour le passé.
Mais j’ai aussi ce recul qui me permet aujourd’hui de dire qu’il faut faire ce signalement ! La non dénonciation n’a pas empêché de gâcher des vies (du moins des années). La non dénonciation n’a pas permis d’éviter un drame. La non dénonciation n’a pas protégé d’enfant.
Sur la fin de sa vie leur couple a éclaté et la période a été extrêmement difficile. Il a fallut trouver beaucoup de solution. Je vous épargne les détails. Une de ces solutions a été de trouver un logement. Cela a été fait. Il existe des aides à différents niveaux. Et la chance a été pour une fois un peu de notre côté.
J’ai de mon côté respiré pour la première fois. Elle n’était plus en danger, elle n’était plus victime, d’apparence.
Elle est décédé très peu de temps après, emplie de tristesse. Mais elle a pu prendre du temps pour me dire qu’elle m’aimait et j’ai pu également le lui dire. Cela a été la seule occasion aussi loin que remontent mes souvenirs.
J’ai été libéré de quelque chose qui pesait sur moi. Un poids bien trop lourd pour n’importe quel enfant. Aussi fort qu’il essaie de se montrer.
Dénoncer c’est sauver une vie. Physique ou morale
Les voisins de mes parents n’ont jamais dénoncé la situation. Certainement avec les mêmes peurs qui étaient les miennes. On s’imagine que dénoncer c’est détruire une famille.
La famille est déjà détruite et des vies sont en cours de destruction. Appeler le 3919 c’est mettre fin à la destruction d’une vie.
Si vous vous demandez comment l’enfant de cette famille le prendra si vous éclatez sa famille. Il vous remerciera ! Immédiatement ou 10 ans après. Mais vous lui sauverez sa vie. Sociale, morale et son bien être. Il y aura une période difficile d’abord, c’est évident. Quand on vous retire une épine, c’est douloureux sur le moment. Mais après ..
Et si vous ne comprenez pas pourquoi cette femme et ses enfants n’agissent pas. Maintenant j’espère que vous comprenez mieux. Ils n’acceptent pas. Ils ont peur et ils ont honte. Sauvez leur vie