LE DANGER DE TOUT INTERDIRE
« À force de vouloir purifier le monde, on finit par en effacer la peau. »
Le monde aime les règles.
Les lignes bien droites, les corps bien sages, les mots qui ne dérangent pas.
On nous apprend très tôt à fermer les jambes, à baisser les yeux, à cacher ce qui brûle.
Mais à force de vouloir tout maîtriser, on tue ce qui nous rend vivants :
le trouble, le doute, le frisson.
Et c’est peut-être là que meurt le désir — pas dans l’excès, mais dans l’absence.
1. LE SILENCE DU DÉSIR
On croit que taire le désir le rend inoffensif.
Mais le désir qu’on étouffe ne disparaît pas : il s’enfouit, se déforme, se venge.
Le monde moderne aime le contrôle, l’ordre, la transparence.
Mais le désir, lui, aime l’ombre.
C’est dans le secret qu’il respire, dans la nuance qu’il s’exprime.
À force de le moraliser, on l’assèche.
Et un corps sans désir, c’est un paysage sans vent.
2. L’ÈRE DU SANS RISQUE
On nous vend la sécurité comme un idéal.
Tout doit être propre, encadré, sans heurts.
Même le plaisir doit être “safe”, “clean”, “responsable”.
Mais le danger de tout interdire, c’est de confondre le respect et la stérilité.
Il y a une différence entre protéger et aseptiser.
Le risque ne tue pas toujours — il rappelle qu’on respire.
Et sans lui, on ne fait plus l’amour : on consomme du contact.
La perfection tue la peau, l’imprévu la ressuscite.
On oublie qu’un monde sans faille, c’est un monde sans feu.

3. L’ESPRIT DE TOLÉRANCE (OU LE DROIT DE NE PAS AIMER)
On a tous notre perception de ce qui est “bien” ou “mal”.
Certains veulent imposer leur morale, d’autres leur absence de morale.
Mais plus personne n’écoute vraiment.
Chacun est tellement persuadé d’avoir raison qu’il ne reste plus d’espace pour la nuance.
Moi, je prône la tolérance.
L’ouverture d’esprit.
Le sexe libre, oui — mais libre avant tout de ses jugements.
Je ne vends rien, je n’impose rien.
J’exprime.
Et j’assume que ça puisse déranger.
Je sais que parfois je choque — un doigt dans le cul, ça ne devrait pas se dire si librement, paraît-il.
Mais l’humour aide à respirer là où le monde retient son souffle.
Je vante le sexe plaisir quand d’autres vantent le sexe pour procréer.
Je n’ai rien contre la religion, ni contre le Moyen Âge, d’ailleurs.
Je défends juste l’idée que si chacun fermait un peu sa gueule, on se porterait mieux.
Chacun sa foi, son corps, sa peur, son envie.
Les libertés commencent là : dans le respect.
Pas dans la domination de l’opinion.
4. LES MOTS INTERDITS, LES PENSÉES SURVEILLÉES
Ce qu’on interdit de dire finit par pourrir à l’intérieur.
Et quand les mots n’ont plus le droit d’exister, c’est le désir qui crève avec eux.
Les mots crus, les mots tendres, les mots dérangeants — tous racontent un morceau du monde.
Mais à force de lisser, d’épurer, d’adoucir, on rend le plaisir muet.
Le danger de tout interdire, c’est d’oublier que la liberté ne fait pas de bruit.
Elle ne cherche pas à plaire, elle respire.
Et chaque fois qu’on censure, on étrangle un peu plus la nuance, le jeu, la folie douce.
Les mots ne violent pas. Ils révèlent.
Les taire, c’est perdre la moitié du plaisir.

5. LA BEAUTÉ DU RISQUE MESURÉ
Il ne s’agit pas d’élever la provocation en religion, ni de glorifier la transgression gratuite.
Mais de défendre le droit d’exister entre les deux.
De se souvenir que la vie n’est pas faite pour être correcte, mais vécue.
Le danger, c’est de croire qu’on peut aimer sans perdre un peu de soi.
Qu’on peut désirer sans trembler.
Qu’on peut vivre sans risquer.
Le risque, c’est la faille par où passe la lumière — celle qui brûle, celle qui éclaire.
Et si on ferme cette faille, on devient propre. Trop propre.
On ne se touche plus, on s’essuie.
On ne vit plus, on s’autorise.
Et à la fin, plus personne ne brûle.
À RETENIR
“Interdire le risque, c’est interdire la vie.
Et la vie, par nature, n’a jamais demandé la permission.”


Tout interdire, c’est nier la complexité du vivant.
C’est croire qu’on protège alors qu’on appauvrit.
L’érotisme, l’art, le lien, le jeu — tout naît de la tension entre le permis et l’interdit.
C’est là que le feu circule.
Et quand on éteint ce feu, il ne reste plus qu’un monde docile, sans chaleur, sans vertige.
Un monde où l’on ne brûle plus, même d’amour.