Le Courrier du Désir

Chaque jeudi matin, même putain de rituel.

Sarah monte les marches, sonne, attend. Il ouvre, il signe, il prend la lettre et il referme. Toujours ce foutu ballet bien huilé. Poli, oui. Chaleureux, même. Mais il ne lève jamais les yeux. Pas une fois.

Elle pourrait être un fantôme, une ombre, une putain de machine qui dépose du courrier. Sauf que non. Elle est là. Bien là. Et lui, il est beau. Il lui plaît.

Alors elle pense à lui. Elle y pense trop.

Parfois, elle remonte dans sa bagnole, encore un peu secouée par l’odeur qu’il laisse dans l’air, et elle sent la chaleur monter. Son ventre qui se tend, sa main qui glisse.

Elle se touche en pensant à lui.

Les doigts qui passent sous le pantalon déboutonné, qui cherchent la chaleur moite, qui caressent lentement, là où c’est bon, là où ça palpite. Elle ferme les yeux et l’imagine. Ses mains. Ses épaules. Et sa bouche qui descend entre ses cuisses.

Elle jouit en mordant l’intérieur de sa joue. Parfois vite, parfois plus lentement. Mais toujours avec lui en tête.

Et puis un jour, elle en a marre d’être une putain de silhouette invisible.

Elle prend rendez-vous pour une séance photo. Pas de lingerie cheap, pas de poses forcées. Juste elle, nue, offerte à la lumière.

Une première photo, de dos. Les ombres qui épousent ses reins, la lumière qui lèche sa peau. La seconde, plus frontale. Son ventre, ses seins, son regard. Elle est belle. Elle est là.

Elle imprime. Et elle sait déjà à qui elle va les donner.

Le jeudi suivant, elle sonne.

Il ouvre, comme d’habitude. Toujours ce putain de rituel.

Sarah le regarde. Il ne lève pas les yeux. Il tend la main, attrape le stylo, signe d’un geste rapide. Et déjà, il va refermer la porte.

Pas cette fois.

Attendez… ce n’est pas tout.

Il s’arrête net. Lève un sourcil, intrigué. C’est la première fois qu’elle brise la mécanique. Il revient vers elle, tend la main. Elle y glisse une enveloppe.

Il l’ouvre. Et le silence s’étire.

Il fixe la première photo. Son dos nu. La lumière parfaite qui caresse ses courbes. La peau offerte. L’invitation.

Puis la deuxième. Son visage, ses seins, son ventre. Ses lèvres légèrement entrouvertes, son regard. Un éclat de provocation. De désir brut.

Elle le sent se figer. Elle le voit ravaler sa salive.

Il ne parle pas tout de suite. Il la regarde enfin. Plonge dans ses yeux comme s’il la découvrait pour la première fois.

La tension est là. Épaisse. Chargée.

Un battement de cœur. Puis un autre.

Il lève la main. Son alliance brille sous la lumière du matin.

Je suis marié.

Son regard est différent. Pas fuyant. Pas coupable. Juste… troublé.

Sarah ne bronche pas. Elle s’y attendait. Elle s’en foutait presque.

Je m’en doutais. Mais fallait bien que vous leviez enfin les yeux sur moi.

Un sourire effleure ses lèvres. Un sourire discret. Troublé. Un peu triste, peut-être.

Il ne sait pas quoi dire. Il hoche la tête.

Je suis désolé.

Elle sourit en retour, plus malicieuse que tendre. Elle a ce qu’elle voulait.

Désormais, je prendrai le temps, murmure-t-il enfin.

Il ne sait pas encore ce que ça veut dire. Mais il sait qu’à chaque jeudi qui viendra, il ouvrira la porte différemment. Il regardera cette femme qui l’a sorti de sa bulle. Il la verra. Et il s’en souviendra.

Elle tourne les talons. Descend les marches. Une chaleur diffuse entre les cuisses.

Elle sait qu’elle ne le touchera jamais. Elle sait qu’il ne la touchera jamais.

Mais elle sait aussi que ce soir encore, et les suivants, elle laissera sa main glisser sous les draps.

Et cette fois, elle saura qu’il pense à elle aussi.

Le Fantasme du Facteur : Jeu Érotique Derrière la Porte

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Elle voulait juste qu’il lève les yeux. Maintenant, elle sait qu’il ne les baissera plus jamais.

Draguer son voisin

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